Catégorie : librairie

L’édition indépendante en région…

L’édition indépendante en région…

L’édition indépendante en région était le thème de l’échange auquel j’ai eu le plaisir de participer le 2 juin 2021 dans le cadre des rencontres professionnelles du livre en pari co-organisées par l’association des éditeurs des Hauts-de-France et l’AR2L Hauts-de-France.

Ce fut l’occasion de parler des collectifs régionaux, de la diffusion, de la relation avec les auteurs et autrices, de politique régionale du livre, de la relations avec les libraires, d’écologie et bien d’autres choses, dont la toute récente fédération des éditions indépendantes (voir les articles dans Livres Hebdo et Actualitté). Des sujets sur lesquels Pourpenser s’implique depuis sa création en 2002.

Merci aux structures organisatrices et à Tara Lennart (la voix de Bookalicious) pour l’animation de ces échanges avec Galia Tapiero de Kilowatt éditions, Yves Michel des éditions Yves Michel et Le Souffle d’Or et Esther Merino des Editions Les Monédières.

Lors de telles discussions, je me rends compte à quel point nous pouvons partager des préoccupations communes tout en ayant des méthodes et des choix éditoriaux très différents. Cette diversité est riche : il nous faut la cultiver. La monoculture est dangereuse, vive la bibliodiversité !

Retrouvez l’ensemble des rencontres professionnelles du Livre en pari sur le site des éditeurs des Hauts de France

Du vert sur tous les tons

Du vert sur tous les tons

Ce lundi matin, lors de notre visio hebdomadaire (enfin… ça dépend des lundis 🙂 ) nous évoquions dans le cadre d’un partenariat en cours avec La Cabane Bleue le besoin, ou pas, de communiquer plus visiblement sur nos méthodes de fabrication.

Deux points de vues se croisaient :

  • Oui, c’est important car aujourd’hui c’est devenu un vrai facteur de choix pour les lecteurs.
  • Communiquons avant tout sur les sujets, sur le contenu de nos livres. Nos méthodes sont les mêmes depuis notre création en 2002 et nous les expliquons clairement sur le site.

Et puis en début d’après midi, en allant sur le site de Livres Hebdo, je découvre la publicité de Casterman pour une collection « de beaux albums pensés avec tous les acteurs de la chaine du livre pour réduite notre empreinte écologique« .

Dans cette vidéo plutôt bien faite, la maison d’édition explique qu’elle utilise des papiers certifiés, de la colle d’origine naturelle, de l’encre végétale, que le format est optimisé pour éviter la gâche papier, que le tirage est calculé au plus juste pour éviter la surproduction, que l’imprimeur est certifié, que son distributeur s’engage à trier ses déchets et à privilégier le recyclage, qu’elle imprime en Belgique et qu’il y a seulement 370 km entre l’imprimeur et le lieu de distribution.

Des choses qui nous semblent tellement évidentes chez Pourpenser que je n’ai pas résisté à l’envoi d’un petit tweet :

Chez Pourpenser, depuis le départ nous imprimons localement et si nous avons choisi Pollen comme distributeur c’est en grande partie car les entrepôts étaient à proximité de notre imprimeur. Ici, sur le triangle BDM (notre imprimeur) Pollen (notre distribueur) et Qualea (notre principal point de stockage) le plus grand côté fait moins de 60 km.

En 2010, nous avons commencé à échanger avec d’autres éditeurs sur les questions de fabrication et d’empreinte écologique et avons participé avec La Plage, Rossolis, Rue de L’échiquier, La Salamandre, Plume de Carotte, les éditions de Terran et Yves Michel à la création du Collectif des éditeurs écolo-compatibles. Depuis, en 2019 une libraire, Anaïs Massola et un auteur, Marin Schaffner ont créé l’association pour l’écologie du livre dont les réflexions et propositions vont bien au-delà des questions de fabrication. Une association que nous avons rejoint en 2020.

Lorsque je lis que ces beaux albums ont été « pensés avec tous les acteurs de la chaine du livre« , je m’attends à voir dans la vidéo le lien avec les auteurs, qui sont tout de même des acteurs essentiels à la création d’un livre. Et non… pas un mot à leur sujet.

L’expression « chaine du livre » est en elle-même très parlante. Elle nous renvoie à l’usine, à la chaine de production, à une industrie. Ici, nous préférons parler d’écosystème du livre : une manière efficace de nous rappeler que derrière chaque livre il y a du vivant. Par ailleurs, dans un écosystème, la notion de flux, d’échanges, d’interactions est de suite questionnée. Dans une chaine, nous passons simplement au maillon suivant.

Bref… pour revenir aux auteurs, chez Pourpenser la part auteur est au minimum de 10 %. Par ailleurs, la base de calcul n’est pas la quantité vendue, mais la quantité imprimée (et lorsque l’on sait qu’en moyenne 25 à 30 % des livres imprimés sont détruits, ça vous donne une idée du manque à gagner pour les auteurs).

Si vous êtes libraire, que vous lisez ce billet et que vous cherchez des livres dont l’empreinte environnementale est régulièrement questionnée, je vous invite à regarder la belle sélection réalisée par Charles et Marion de Livre&Co – le comptoir des lectures durables.

Et puis, si vous cherchez des livres pour aborder avec les plus jeunes des sujets tels que la confiance en soi, l’attention aux autres, la coopération, l’intuition, notre relation au monde qui nous entoure… et bien, je vous invite à feuilleter notre catalogue de plus de 120 titres : des livres imprimés en Vendée chez BDM, sur des papiers labellisés ou recyclés, des encres sur base végétales et distribués par Pollen ! 🙂

Quelques voies pour repenser l’économie du livre

Quelques voies pour repenser l’économie du livre

Depuis la création de Pourpenser en 2002, nous avons, avec Aline, régulièrement défriché quelques chemins, tenté des expériences, proposé d’autres façon d’imaginer et surtout de vivre la « chaîne du livre » que nous préférons appeler la filière ou l’écosystème du livre.

Nous avons, par exemple, dès le départ fait le pari de la relation directe entre une maison d’édition et ses lecteurs et lectrices. Nos ventes en librairie ont toujours suivi la progression de nos ventes directes via notre site, les salons et festivals.

Nous avons également dès le début privilégié des tirages adaptés à nos ventes, réalisés au plus proche de nos lieux de stockage (à moins de 50 km) et sur des papiers labellisés ou recyclés. Afin de nous responsabiliser sur les ventes — et aussi, avouons-le, pour simplifier la gestion administrative — nous avons toujours calculé les droits d’auteur sur les quantités imprimées et non vendues.

Ces pratiques-là, et bien d’autres, je les aborde régulièrement lors de rencontres professionnelles (au Forum du livre et de la lecture organisé par Mobilis par exemple), ou lors d’évènement plus grand public comme le festival du livre de Mouans-Sartoux. Je participe par ailleurs à des associations telles que le Coll.LIBRIS (qui regroupe plus d’une trentaine de maisons d’édition en Pays de la Loire) ou L’Association pour l’écologie du livre créée en 2019 par un auteur et une libraire, Marin Schaffner et Anaïs Massola.

2020 : coup d’accélérateur et prises de paroles.

Est-ce le ralentissement forcé du confinement ? Une cristallisation des questionnements ? Une chose est certaine : depuis quelques mois, nous pouvons noter que les sujets des impacts environnementaux et sociaux du livre intéressent de plus en plus. Et tant mieux !

Si ces questions vous intéressent, je vous invite à vous procurer l’excellent livre co-édité par Double ponctuation et l’Alliance internationale des éditeurs indépendants dans la collection Bibliodiversité.

L’ouvrage dresse à ma connaissance le panorama le plus complet réalisé jusqu’ici sans tomber dans les raccourcis faciles et les solutions qui ne s’appliquent qu’à une minorité.

Dans ce livre, en plus de nombreux chiffres, ce sont des pistes, des témoignages, des éclairages qui nous sont partagés. En d’autres circonstances, ce livre aurait pu être le résultat sous forme papier de plusieurs jours de rencontres dédiés à la question : « Quels livres pour demain ? ».

Si les aspects économiques et environnementaux sont abordés, les notions sociales et culturelles sont également largement présentes car le livre avant d’être un objet physique est un outil de partage, de médiation.

Ce livre permet également de sortir du regard hexagonal en donnant la parole à des projets comme Écosociété (Québec) ou Amotape Libros (Pérou), ou faisant un point sur les annonces et pratiques des « Big 5 » .

A titre personnel, je regrette d’avoir manqué l’appel à contributions, mais j’ai eu le plaisir de retrouver au cours de ma lecture Thomas Bout des éditions Rue de l’échiquier qui revient rapidement sur l’initiative des éditeurs écolo-compatibles initiée en 2009, Angela Léry et Sarah Hamon des éditions La Cabane bleue, membres comme nous du Coll.LIBRIS, ou Marion Carvalho et Charles Hédouin que nous soutenons pleinement dans le projet Livr&co.

Quelques « pourquoi ? »

Quelques « pourquoi ? »

En tant que maison d’édition, l’une de nos missions vis-à-vis des auteurs et autrices est de faire notre maximum pour faire découvrir leurs créations.

Dans le cadre de cette mission, une série de questions revient régulièrement dans l’équipe de Pourpenser :

  • Pourquoi les livres que nous proposons ne sont-ils pas plus présents dans les écoles et les librairies ?
  • Pourquoi même des personnes, proches de nous, perçoivent notre catalogue comme « mignon et pour les enfants » et ne semblent pas voir la diversité et la richesse du catalogue (avec des livres et des jeux qui s’adressent aux enfants de tout âge) ?
  • Pourquoi réussissons-nous à faire parler de la maison sur ses valeurs, ses engagements, mais très rarement sur son catalogue de plus d’une centaine de titres ?

Nous avons bien quelques idées, mais nous serions intéressés par votre point de vue sur ces questions.

Nous constatons par exemple qu’aujourd’hui encore, la littérature jeunesse est perçue par beaucoup comme une littérature de seconde zone, une littérature facile et qui nécessite plus de technique que de talent. Il y a bien entendu des livres pour enfants qui sont des produits imaginés et calibrés pour correspondre à un marché identifié. Il y a aussi des auteurs et autrices sensibles qui s’adressent aux personnes à part entière que sont les enfants. Comment réussir à casser ce schéma ?

Un sentiment que nous pouvons également avoir tient à la difficulté de communiquer de façon simple sur un projet qui s’est enrichi et densifié au fil du temps… Et puis, nous sommes des gourmands : bien souvent, un projet n’attend pas l’autre et à peine avons-nous communiqué sur un sujet qu’un autre lui succède. Comment rendre simple et visible une expérience de 19 ans de projets ?

Merci pour vos retours et vos idées !

Livr&Co : le comptoir des lectures durables

Livr&Co : le comptoir des lectures durables

Nous avons connu Marion et Charles par le biais de l’association pour l’écologie du livre au cours du confinement de mars/avril 2020.

D’emblée, leur projet de réunir des maisons d’éditions pour créer une librairie proposant des ouvrages cohérents sur le fond et la forme autour des questions écologiques et de société nous a parlé.

Nous avions tenté l’expérience en 2012 avec 7 autres maisons d’édition membres du Collectif des éditeurs écolo-compatibles et avions l’idée une coopérative de diffusion mais l’énergie nécessaire pour lancer un tel projet nous a manqué. Imaginez donc notre joie de voir d’autres personnes porter ce projet qui nous tenait à cœur !

Pendant plusieurs mois de cette curieuse année 2020 nous avons reçus des nouvelles de Marion et Charles, puis des tableaux à remplir, un site à visiter… et enfin, début décembre l’ouverture du site :

Début 2021, ce sont 15 maisons référencées et partenaires : Éditions BicycletteÉditions du LamantinÉditions du RicochetFatrasies ÉditionsLa cabane bleueLa Maison des Pas perdusLa Marmotière ÉditionsLa tête ailleursLaplikiliLe laboratoire existentielLe Souffle d’OrLucca ÉditionsPlum MagazineYves Michel Éditeur et – PourPenser 🙂

Ce site n’est qu’un début. L’objectif de Marion et Charles est également de mettre en avant dès que possible ces ouvrages sur les salons et de montrer qu’il est possible d’éditer des livres riches en contenu, imprimés en France, réalisés de façon aussi responsable que possible, d’être clair sur la rémunération des auteur·e·s et de ne pas cautionner la surproduction et la destruction banalisée des invendus.

Le projet est tout neuf. Nous ne pouvons que vous inviter à visiter le site de Livr&co et à le garder dans vos signets pour vos prochains achats de livres.

Pour notre part, nous réjouissons à l’avance de la toute prochaine assemblée générale et avons hâte de voir comment ce projet collectif va grandir !

Libraires : et si vous profitiez des retours pour gagner de l’argent et rencontrer de nouveaux clients ?

Libraires : et si vous profitiez des retours pour gagner de l’argent et rencontrer de nouveaux clients ?

Comme je l’écrivais dans ce billet sur notre blog, chez Pourpenser nous sommes convaincus qu’il existe de nombreuses pistes à explorer dans la relation entre libraires et éditeurs. L’une d’elles concerne les retours.

Ne pratiquant pas d’envois d’offices, nous n’avons que très peu de retours.
Ceci étant, certains libraires parient sur nos livres, en commandent et peuvent se retrouver avec quelques titres à dormir au fond des étagères.

La tentation (l’habitude ?) est alors forte de renvoyer ces livres chez le distributeur histoire de soulager la trésorerie du libraire (l’effet secondaire, c’est que c’est la trésorerie de l’éditeur qui trinque…)

Mais… s’il y avait mieux à faire ?
Si ces retours pouvaient rapidement se transformer en vente et amener de nouveaux clients dans la librairie ?

Voilà ce que nous proposons :

  • Au lieu de retourner les livres, le libraire nous envoie une photo des livres en situation.

De notre côté :

  • Nous publions cette photo sur notre page FB avec une mise en avant géographique sur la commune et ses environs ;
  • nous envoyons un courriel à nos lecteurs de la zone géographique les invitant à passer dans la librairie.

Cette idée est née d’une situation concrète que nous avons vécu avec une libraire lyonnaise en avril 2013.

Plus que jamais, nous sommes convaincus de la complémentarité entre circuit court (vente directe) et économie locale (commerce de proximité).

Ensemble, nous pouvons proposer à nos clients/lecteurs d’autres modèles que ceux véhiculés par les géants… Ensemble 😉

Editions pour penser à l’endroit – www.pourpenser.fr
Pourquoi nous avons quitté Amazon

Pourquoi nous avons quitté Amazon

Crédit photo : Gwaar, photographe japonais (gwaar/Flickr/CC).

Il y a quelques années, lorsque nous assurions nous-mêmes la diffusion et distribution de nos livres, Amazon nous avait approchés avec son programme « avantages ». Un programme où le site de vente en ligne reverse royalement aux petits éditeurs 50% du prix du livre deux mois après avoir encaissé les 100% de la part des clients internautes.

Face à de telles conditions, nous avions préféré décliner l’offre (avec quel argent croyez-vous qu’Amazon “offre” les frais de port à ses clients ?).

Fin 2011, lorsque nous avons confié la distribution en librairie à Pollen, nous avons accepté que nos livres soient mis en avant sur ce site, il nous semblait important que nos livres soient aussi disponibles que possible.

Un jour, en regardant les rapports de vente, nous constatons que la remise de certains livres dépasse largement les 40% (alors que nous accordons plutôt autour de 30% aux libraires).
Du coup, fin juin, nous demandons à notre distributeur de retirer nos livres d’Amazon.

Cela aura pris quelques mois, mais depuis le début 2013 c’est fait. Les quelques livres de Pourpenser que vous pouvez encore trouver sur Amazon proviennent de revendeurs indépendants qui passent par Amazon.

Il y a quelques semaines, nous avons fait le point : en 2012, sur les ventes en librairies, Amazon a représenté à lui seul plus de 22% de nos ventes ! Nous ne pensions pas qu’Amazon était à ce point en position dominante.

Nous faisons le pari que ces 22% retourneront en partie sur le réseau des librairies indépendantes, et sur notre propre site. C’est pour nous une manière de nous sentir plus en cohérence avec nos choix d’indépendance et de soutien au commerce local.

Fin décembre un site anglais (Ethical Consumer) a lancé une campagne de boycott contre Amazon. Certes, les clients peuvent choisir de ne pas aller sur Amazon, mais c’est tout de même nous, éditeurs, qui décidons – ou pas – de mettre nos livres en vente sur tel site ou dans tel réseau de distribution.

Un des nombreux entrepôts d’Amazon – Voir le l’article à ce sujet sur flux et fixe

Je parlais il y a peu de cela avec un confrère éditeur qui me disait : « Je vous comprends, mais moi, je ne peux pas quitter Amazon. Si je fais ça, je coule la maison ».

Nous avons pu quitter le dealer car nous n’étions pas encore dépendants. La vente en librairie représente environ 15% de notre chiffre d’affaires. 22% de 15%, ça reste encore raisonnable. Mais pour de nombreux confrères, les ventes sur Amazon dépassent les 20% de leur CA total. Vous ne pouvez pas dire « adieu » à 20% de votre CA aussi facilement que ça…

Et s’il était là, le noeud du problème ?
N’y aurait-il pas des pistes à étudier pour permettre à des éditeurs qui le souhaitent de sortir de cette « Amazon-addiction » ?

Que serait Amazon sans le contenu fourni par les éditeurs ?
Contenu lui-même créé par les auteur-e-s.
Mais Amazon semble avoir déjà prévu la partie suivante : puisqu’aujourd’hui il s’adresse directement aux auteurs en leur proposant de publier directement en numérique – avec son format propriétaire.

Bref… Nous sommes bien contents d’avoir rapidement coupé les liens avec ce géant et de proposer aujourd’hui un programme adapté aux libraires qui souhaitent nous suivre de plus près.

Editions pour penser à l’endroit – www.pourpenser.fr
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