Communication, égo et… critique.

Chaque controverse, pourvu qu’on l’écoute, nous fait avancer, grandir.
 Il y a peu, je concluais une réflexion* par un indicateur d’arrêt de ma pensée : « si je trouve l’autre stupide, c’est que j’ai arrêté de réfléchir ».

Or voilà qu’un détracteur suscite la controverse chez nous. Certains de vouloir l’ignorer, d’autres d’y répondre par la justification. Revenant de congé, me voici apaisé, et de me dire : “Si je suis totalement en opposition avec la proposition, c’est que je ne l’ai pas comprise”. La remarque semble accusatrice, méprisante voir dénigrante, mais si je ne laisse pas cette impression de coté, si je ne parviens pas à être en accord (peu ou prou) avec, c’est que je ne l’ai pas comprise.

Or, bien souvent, nous recevons mal l’avis de l’autre parce que l’intention que nous avons mise dans nos propos n’est pas celle qui est remarquée par notre pair. Nos propos ne sont pas déformés, ils sont simplement vus sous un regard auquel nous n’avions pas prêté attention.

Voici pour l’exemple :

Alors que nous publions cette image (ci-dessus/gauche), faisant partie d’un ensemble de communication du même genre,  sur l’affirmation de notre catalogue et la volonté d’ancrage de notre ligne éditoriale, nous recevons cette critique :

« j’aime bien le lancement de fleurs … »sur » (lui-même)..l’ego peut-il influencer les actions et les pensées des autres..? chez Pourpenser très certainement, bientôt 20 ans et ils n arrivent toujours pas à avoir une phrase d accroche dénuée d’égocentrisme et de clichés totalement bobo. »

Pour pouvoir écouter une critique,
j’essaye de rendre la “parole juste”.

Parfois, nous nous fâchons, nous n’écoutons pas le fond de ce que la personne souhaite nous dire simplement parce que leur parole est “injuste”. C’est très souvent le cas avec nos enfants où l’utilisation de mots comme “toujours”, “jamais” rendent leurs opinions irrecevables.
 Dans Six accords pour vivre en harmonie, inspiré de The Four Agreements/les 4 accords Toltèques de Don Miguel Ruiz, une des propositions est de rendre la parole juste, elle permet vraiment d’apaiser les tensions. Dans le cas d’une lecture, et d’une lecture de controverse en particulier, c’est au lecteur de faire ce travail : rendre la « parole juste ».

Un deuxième élément important aussi abordé dans le même ouvrage :  ne pas en faire une affaire personnelle. Lorsque mon enfant me dit : “tu es méchant”, et si je sais, si je fais et si je me montre au quotidien à l’inverse, je sais que c’est son propre ressenti, a cet instant, ce n’est pas ce que je suis. Mon intention n’est pas celle que mon enfant me prête. Je peux alors me questionner, “tiens qu’est-ce qui fait qu’il me trouve méchant ?”.

Six accords pour vivre en

Ayant relu la critique avec ce regard nouveau, me voilà serein et en harmonie pour trouver deux points qui suscitent mon intérêt et l’envie de les prendre en compte et de vous écrire.

L’ego peut-il influer les actions et les pensées des autres ? 

L’égo est très souvent au cœur de nos échanges et discussions. Au printemps dernier Albert  est passé à une webTV autour de l’édition indépendante non sans débats. En effet, Albert mettait en avant le fait que mis à part flatter son ego, il ne voyait pas l’intérêt de passer dans ces émissions. Nous vous laissons juge. Nous savons aussi que cette même pensée freine régulièrement nos auteur.e.se pour faire leurs propres mises en avant..

Dans le même temps en tant qu’éditeur jeunesse, nous tombons régulièrement sous les coups des préjugés réducteurs, de médisances littéraires, d’image d’un contenu perçu par défaut comme superficiel et moins important. Préjugés largement battus en brèche par les témoignages des personnes ceux qui lisent nos ouvrages, ceux qui rentrent dans leurs contenus philosophiques. Chacun de se rendre compte de la différence, de la richesse de ce que nous portons.
 Si nous souhaitons cette différence, et cette richesse de contenu, nous nous en rendons réellement compte que par les témoignages. Vos témoignages sont notre seule manière de nous repérer et savoir la qualité de ce que nous proposons. Après 20 ans d’existence, nous commençons à recevoir les témoignages des premiers parents qui ont grandi en lisant nos contes. A chacun de ces retours, nous sommes rassurés de la qualité de ce que nous proposons au catalogue.

Accueillir, recevoir et enfin partager la gratitude de l’autre, est-ce là encore de l’égo ? Oui peut-être que quelque part dans les propos présents notre égo ressort encore.
Regardons :
Il est bon de se rappeler que l’objectif de Pourpenser n’est pas de faire des livres. Ça c’est un moyen. L’objectif est de transmettre. Nous savons comment les actes sont durs à mettre en œuvres, comment le chemin de la cohérence est difficile. Nous co-errons sur ce chemin sans bien savoir où il nous emmènera (à l’instar de cet article ;-). Partager notre volonté de rester sur ce chemin est une part de notre transmission.

Nous ne savons pas si notre ego influe sur les actions et les pensées des autres, en revanche nous avons bien conscience que les actions et pensées des autres ont une influence sur notre égo. Et nous devons en être vigilants.
 Combien il est important face au regard admiratif de nos enfants, de leur montrer que nous n’avons aucune cape rouge, que nous faisons des erreurs, que nous n’avons pas de vérité, mais que nous faisons des choix. “Je suis comme toi, avec un peu plus d’expérience, de formation, etc, sur ce domaine, c’est tout.” “Je suis comme toi, sauf que dans ce domaine m’intéresse et j’y consacre beaucoup de temps”.

Dans la campagne de communication qui nous occupe, chacune des phrases est reprise de lecteurs-rices, croisés sur nos chemins. Lorsque nous recevons ces témoignages, cela nous fait un bien fou et nous redonnent confiance en nous, en ce que nous réalisons et portons au quotidien. Évidemment, là où commence la confiance en soi, la fierté est présente. Je pense que nous sommes fiers de ce que nous portons. Pour autant, cette fierté est bien loin de l’orgueil : nous sommes conscients du ridicule de ce que nous sommes et de ce que nous portons. Et nous pensons que c’est lorsque l’orgueil arrive que l’égocentrisme commence.

Le dragon qui se regardait le nombril

C’est un sujet humain, intergénérationnel, intemporel, un excellent sujet de philosophie que nous trouvons brillamment abordé dans le dragon qui se regardait le nombril

La conscience de soi, la confiance en soi, l’affirmation de soi, l’estime de soi et … l’ego.

Nous ne pensons pas que l’ego peut influer sur les actions et les pensées des autres, mais l’affirmation de soi oui. Nous le voyons au quotidien dans toutes les dimensions, tous les secteurs, et l’ensemble des sujets. L’affirmation de ce que nous sommes est comme un ancrage : une bouée qui dis je suis là. Le bateau peut s’y repérer. Chaque personne qui s’affirme est une bouée pour l’autre.

Dans le même temps, Pourpenser est une société commerciale. Dans le sens où pour continuer notre action nous recevons notre moyen de subsistance par des finances : il nous faut vendre et donc nous faire connaître. Où plutôt, faire connaître le contenu de nos livres, de notre catalogue. Nous souhaitons (ré)affirmer notre catalogue, le (re)mettre en valeur, sous les projecteurs et lui donner du brillant.
 A l’instar qu’il est nécessaire pour Albert que nous le poussions à aller témoigner sur une webTV, que les auteur.e.s ont besoin de nous pour être mis en avant, c’est notre rôle d’affirmer et d’ancrer le projet Pourpenser. Dans 5, 10 ans plusieurs d’entre nous ne seront plus présents au sein de la maison, le projet lui, nous le souhaitons, continuera.
Il n’y a, dans notre vision, aucun ego dans ce que nous promouvons, affirmons. Et nous pensons, et espérons, que ce que nous promouvons et affirmons peut avoir une influence dans les pensées et les actions des autres.

Pourpenser n’arrive pas à avoir une phrase d’accroche.

C’est tellement vrai ! Nous ne savons pas présenter simplement et rapidement le projet de la maison d’édition. Notre fonctionnement est aussi flou pour nous que pour les autres : nous savons le vivre, mais pas le décrire. Nous savons faire vivre le projet Pourpenser pas l’expliquer.

Entre nous de longs échanges sur ce sujet. Nous n’arrivons pas à nous faire accompagner. Nous avons tenté l’aide de plusieurs entreprises de communication, la dernière réflexion en date fut au printemps de cette année 2021.
 Nous avons l’impression qu’une part de nous s’étiolerait dans ces mises en mots “communicantes” de ces entreprises “professionnelles”. Que nous perdrions une partie de notre âme.

Des mises en mots, nous en avons pleins : par les auteur.e.s, par les retours des lecteurs, pleins de mises en mots de communications. Alors, notre communication part dans tous les sens, et finalement nous ressemble. Une communication qui nous suit suivant nos aléas de la vie, là où se porte notre attention, suivant les réflexions, quitte à ce que le message global, celui que porte le projet de la maison d’édition ne soit pas clair.

Car comment un autre que nous pourrait-il mieux que nous mettre en mot ce qu’est le projet Pourpenser ? Comment pourrait-il mieux que nous communiquer ? Pourquoi s’enfermer dans une phrase, une sélection de communication ? Et puis nous n’en voulons justement pas de ces phrases, de ces slogans qui nous sembleraient égocentriques ?

– « Tiens, y aurait-il un peu d’orgueil dans ce positionnement et ces questionnements ? Peut-être même de l’égo mal placé ? »

Ainsi le détracteur à notre communication aurait-il réussi à pointer un problème d’égo dans notre difficulté à nous faire accompagner dans une communication que nous ne voulons justement pas égocentrique. Hum, cela mériterait sans doute un autre billet complet sur le sujet ! 

L’orgueil n’est jamais loin, merci pour votre vigilance.

(*Voir l’article sur : sur ce que nous souhaitons transmettre à nos enfants mais que nous ne savions pas appliquer pour nous même)