Black friday ? Ou black out ?

Black Friday… Un simple nom de jour rattaché à une couleur qui revient chaque année, et avec lui, pour moi, toujours le même sentiment : abject. Et cette année, à plusieurs chefs, mon courroux est plus grand encore. 

Contre le Black Friday

A aucun moment, les instances dirigeantes, politiques ou commerciales ne semblent avoir eu l’idée de se questionner sur la légitimité de cette journée de bamboche commerciale, en cette période de pandémie.

« Les courses de Noël retardées », peut-on lire en Une de certains journaux. Courses retardées, ou retard de réflexion du correspondant ?

« Amazon France et d’autres enseignes ont annoncé leur décision de reporter le Black Friday d’une semaine, par solidarité avec les petits commerces encore fermés. »  C’est un journaliste qui relaie cette infox ?! Depuis quand Amazon est-il solidaire ?!

« Un compromis assez intelligent et plutôt bien géré par Bercy […] ». Où se cache le rédacteur en chef pour laisser son journaliste écrire de telles inepties ?

« Le gouvernement ne peut rien faire, c’est une manifestation privée qui ne rentre pas dans le cadre des soldes » peut-on encore lire de ces petits soldats du journalisme

Oui, je suis en colère. Et fatigué de voir tous les lobbies à la manœuvre.
Depuis des années, nous réclamons une politique, des investissements et des esprits tournés vers la protection de notre environnement. Et de nous entendre dire que c’est utopique, que ça ne fonctionne pas comme cela, que ce n’est pas possible, que le gouvernement ne peut rien faire.
Or, pour ceux qui en doutaient encore, nous le constatons depuis 8 mois, tout est VRAIMENT possible pour l’éradication du COVID : mobiliser un pays (le monde), tourner les pensées et mettre une économie (serait-elle mondiale) au service de ce seul objectif.

Alors, oui, sur simple décision, avec en plus les pleins pouvoirs actuels, il était possible pour le gouvernement de dire : « pas de Black Friday cette année »

Le 4 décembre : Non à la bamboche du commerce !

Il y a quelques jours, nous devisions sur nos devoirs de citoyens à nous retrouver en décembre, sur les difficultés pour l’un d’aller voir son papa malade, de l’autre qui s’est vu interdire, parce qu’atteint de la COVID, l’accompagnement à la mort de sa maman en phase terminale de cancer, et de tous ces autres interpellés et réprimandés comme des inconscients par ce qu’ils se baladaient en forêt ou sans attestation. 
C’est vrai quoi, inconscients que nous sommes : stop à la bamboche !
Interdisons à ces jeunes de se retrouver, d’avoir du lien social. Les superlatifs ont été usés jusqu’à la corde pour nous sensibiliser à protéger nos anciens, et prendre soin du milieu hospitalier. 
En occultant les choix politique successifs depuis 1982 : Hôpital public : l’optimisation à mort.

Nous avons transmis à nos enfants, par la morale, le port du masque obligatoire, les fameux gestes barrières, qu’ils sont potentiellement un danger pour les autres, et que les autres sont des dangers pour eux.
Nous doutons, nous nous questionnons depuis 8 mois entre ce que l’on détruit de notre humanité et la nécessaire protection de l’autre, dans nos devoirs pour vivre ensemble

Nous sommes pour une réouverture des commerces, des librairies, nous avons besoin de travailler, de commercer, de faire vivre nos familles. De retrouver des perspectives.  Mais pas comme cela. Pas par cette débauche. Le symbole consumériste de cette journée n’a rien à voir avec le commerce, ni avec la solidarité aux petits commerçants. 

Lorsque Black Friday = Black Cluster

Lorsque mes deux enfants jouent ensemble (7 et 9 ans), je leur dis régulièrement : vous ne pouvez pas changer les règles du jeu comme cela, comme ça vous arrange, au détriment de l’autre. 
Pour les responsabiliser, j’essaie autant que possible d’être cohérent, si ce n’est pas dans les actes, tout au moins dans les paroles. 

Irritable sentiment d’avoir suivi les règles inutilement. Règles aujourd’hui transformées sans aucune cohérence. Impression d’efforts vains, dégoût. Solidaire des petits commerces ! Depuis quand le Black Friday apporte-t-il un plus aux petits commerces ? Eviter les clusters ?! Comment le Black Friday va-t-il réussir ce miracle d’une ruée sans contamination ? Si le risque valait ces mesures, qui, aujourd’hui, est inconscient ? 

Le 13 novembre, il y a à peine 10 jours, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, lançait « Il n’y aura plus de week-end de mansuétude » face à ces terribles croyants irresponsables. Dans le même temps, à Angers, un commerçant était pénalisé parce que son stand « click and collect » ne respectait pas précisément toutes les consignes. 

Mais rassurons-nous, le Black Friday va sauver nos commerçants, et la COVID-19 fera une pause ce WE là. 

C’est insupportable ! 

Le Green Friday contre le Black Friday !

De ce nouveau signe fort de victoire des grands lobbies, sur l’économie, la politique, la santé, de victoire sur nos vies, nous la refusons toujours avec la même force en sachant qu’un autre monde est possible.

Ce vendredi 4 décembre 2020, nous ferons le Green Friday. Le site sera fermé !

Non, il ne sera pas fermé, mais on ne vendra rien…
Uniquement les  coloriages, contes, et autres ressources gratuites resteront disponibles. 

C’est une goutte d’eau dans l’océan. Mais l’eau potable disponible ne représente que 0,4% des 3% d’eau douce de la totalité de l’eau, est c’est bien celle là qui nous est nécessaire pour vivre. 

Dominique Demaegdt

Editions pour penser à l’endroit – www.pourpenser.fr