Ce monde d’après… qui existe déjà ?
Depuis quelques semaines, il n’y a pas une journée sans l’évocation de la naissance d’un monde d’après.
Nombreuses sont les versions, du plus sombre au plus lumineux, mais beaucoup évoquent un monde plus en lien avec le vivant, où les inégalités diminueraient. Un monde où la compréhension de l’autre permettrait d’apaiser les conflits. Un monde où l’être passerait avant l’avoir et le paraître. Un monde où l’équilibre serait plus recherché que le profit…
A sillonner la France et à me documenter depuis une vingtaine d’années, je sais que ce monde-là se construit déjà depuis longtemps. Il demande juste à être mis en avant, à être proposé en modèle désirable plutôt que caricaturé ou réservé à des personnes qui ont le temps de sortir du schéma transport-boulot-dodo.
Qu’avec la crise actuelle, de nouvelles personnes découvrent qu’une autre façon de penser le monde est nécessaire, je le conçois.
Par contre, pourquoi chercher de nouvelles solutions alors que de nombreuses initiatives existent depuis plusieurs décennies ?
Réinventer est souvent joyeux, mais n’est-il pas plus efficace de s’appuyer sur l’existant, de bénéficier de son expérience et contribuer à son amélioration si cela s’avère nécessaire ?
Je ne suis pas historien, mais je sais que l’aspiration à une organisation de la société plus juste n’est pas nouvelle.
Sans remonter les siècles, il me semble que nous avons en France des associations, des entreprises, des collectifs qui œuvrent depuis 15, 20 ou même plus de 50 ans pour des rapports humains apaisés, d’autres manières d’enseigner, une agriculture respectueuse des sols, une économie solidaire qu’elle soit locale ou au delà, une alimentation saine, élément essentiel de notre santé.
Aujourd’hui, il existe bien quelques magazines (je pense notamment à Kaizen, L’âge de faire, ou Féminin Bio) qui présentent ces initiatives, mais, encore une fois, nous sommes loin de toucher 25% de la population.
Par ailleurs, la nouveauté faisant vendre, lorsque des projets sont présentés dans les médias généralistes, ce sont souvent de nouvelles ou récentes initiatives qui sont mises en avant pendant que des acteurs présents sur le terrain depuis de longues années restent invisibles.
La seule exception me semble être Carnets de campagne sur France Inter. Un grand bravo et merci à Philippe Bertrand pour sa ténacité.
Je parlais par exemple dernièrement avec Anne-Laure Nicolas : l’écolieu du Bois du Barde a plus d’une dizaine d’années. Ce projet est riche d’expériences à partager. Je pense également à nos maraîchers, Irène et David, (en bio depuis 1996, et en non travail du sol depuis 2012). Qui connaît ces projets en dehors du bouche à oreille ?
Je suis certain que chacun·e de nous connaît ainsi un ou deux projets exceptionnels dont aucun média ne parle et qui nous montre que ce monde d’après existe déjà.
Alors, je prends un engagement et vous propose un petit défi ici !
Albert.