Le partage…

Le partage


Un texte de Galou accompagné de l’une de ses illustrations et d’une aquarelle de Maiwenn Coatanea.

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Plus je m’interroge sur le thème du partage, plus je découvre l’immensité du sujet…Il englobe tant de choses à la fois qu’il me semble difficile de l’aborder dans sa globalité !

Selon moi, il nous amène à nous interroger sur la notion d’ouverture, d’authenticité, de « nourriture » au sens large : de quoi nous nourrissons‑nous ? Que souhaitons-nous partager réellement avec l’autre, avec les autres ? Avec soi ? Que partageons‑nous de nous-mêmes ? Osons-nous nous montrer tels que nous sommes ? Sommes‑nous capable de jouir de la présence de l’autre ? Y-a-t-il de la place dans notre cœur pour recevoir ? Il ne s’agit pas d’être quelqu’un d’exceptionnel qui n’aurait plus de peur ni de colère, mais aimons-nous sincèrement qui nous sommes pour le partager avec d’autres ? Acceptons-nous nos vulnérabilités pour les sublimer, les transformer en force, et ainsi juste s’abandonner au plaisir d’être, de vivre et de partager cette humanité à travers nos singularités propres à chacun/e ?

Pouvons-nous nous défaire de ces manteaux trop lourds à porter ? Ceux que l’on endosse pour se cacher notre vérité ? Ceux qui étouffent nos cris et nos peines, nos joies et nos rires, pour sembler lisse et disculpé de toute honte dissimulée ? Quel crime avons-nous commis pour mériter un tel fardeau ? quel secret souhaitons-nous oublier ? Pouvons‑nous oser un regard sincère ? Retrouver notre dignité d’être vivant tout simplement ? Quel pacte avons-nous passé avec nous-même pour nous empêcher de rayonner notre lumière ? 

À quel étage est logé notre orgueil ? À quel endroit tirons partie de ce fonctionnement ? Qu’est-ce qui nous arrange à maintenir nos distances ? De quoi avons-nous peur ? D’être jugés ? comparés ? N’est‑ce pas plutôt notre propre regard sur nous-mêmes qui nous éloigne de notre vraie nature ?

Tant de questions que je lis en moi… 

Aïe… Je m’aperçois que cela dissone dans ma poitrine… Je sens une différence entre ce que j’aimerais partager et la réalité que je vis…

Qu’est-ce que j’aimerais partager ? Avec qui ? Je crois qu’avant tout, j’aimerais me sentir en lien avec les autres, et cela précisément m’est difficile… Pourquoi ? Parce que cela me demande de me montrer telle que je suis… Et je ne me sens pas forcément fière de ce que je suis…. Cela m’évoque l’image que j’ai de moi, que je n’estime pas très reluisante…

Donc le partage serait possible si on s’aime soi-même ?

Le partage pour moi c’est aussi donner et recevoir… 

Mais puis-je vraiment recevoir ? Vraiment donner ? Et puis donner quoi au juste si je ne m’estime pas moi-même ???

Illustration de Galou

Donner ma tristesse ? Donner mon manque de confiance en moi ? Est-ce que partager mes chagrins peut servir à d’autres ? Ai-je autre chose à donner, à partager ? Oui évidemment, mais je sens beaucoup de peur, donc ce qui vient en premier est plutôt négatif à mes yeux…

Ce qui vient quand je me détends, ce sont les sourires, les regards, les chants, la danse, les rires, les bons repas entre amis… Et là, je me rends compte que dans ma vie, je ne nourris pas assez cela !

Pourquoi ?  

La plupart du temps, je me mets à l’écart, j’ai du mal à prendre ma place, en deux mots j’ai peur. Peur de quoi ? Du regard des autres, de la comparaison qu’inévitablement je fais entre l’idée que j’ai de leur vie et la mienne… 

Au-delà de tout cela, je commence à reconnaître une forêt luxuriante de richesses intérieures. J’ai beaucoup de choses à dire, mais j’ai peur de ne pas pouvoir, de ne pas arriver à les dire.

Que seraient ces richesses ? 

Des fruits, des fleurs, des papillons, des lucioles, des couchers de soleil, des silences, des ruisseaux, des couleurs, des odeurs de pluie, des lèvres qui s’effleurent, des mains qui se touchent, des sourires, du vent dans les feuillages, des herbes qui se couchent, le crépitement du feu, la vigueur du torrent, la rondeur du caillou, la douceur de la terre…

En fait, je me sens être tout cela et je ne sais pas comment le dire dans le langage humain.

C’est si beau que je me sens trop émue pour seulement l’évoquer…

Mais partager pousse au creux de mon ventre malgré tout et je ne crois pas pouvoir rester dans mon bocal à tourner en rond encore longtemps car le désir du monde m’appelle !

 Et puis, au détour de mon cœur, je découvre qu’il y a l’attente…

Qu’est-ce que j’attends des autres ? L’estime ? L’amour ? La confiance ?

Plus j’attends et moins je peux recevoir… si le cœur est tendu, il ne peut se remplir…

J’attends des autres ce que j’ai besoin de combler en moi ! Puis-je déjà m’apporter tout cela ?

Le partage commencerait donc par s’aimer soi‑même car si je m’aime et m’accepte comme je suis, je me détends et je peux sourire… Oui mais ! Comment faire lorsque l’on ne se sent pas en paix avec soi-même ? Comment faire la paix avec soi ? Au fond, ne sommes-nous pas tous similaires ? N’avons‑nous pas tous besoin de se sentir aimés, reconnus, et estimés ? Pourquoi avons-nous peur de partager nos vulnérabilités ? Se pourrait-il que cela soit une force plutôt qu’une faiblesse ? Avoir le courage d’être tout simplement ? Retrouver la liberté lumineuse qui ne demande qu’à rayonner ? 

Est-ce que le partage ne serait pas cela : oser rayonner ensemble ?

« Déesse Solaire » • Maiwenn Coatanea

Extrait de :
Pense à sourire N°7

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Editions pour penser à l’endroit – www.pourpenser.fr

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