Comment parler d’égoïsme à un enfant entre 3 et 10 ans, alors qu’il est en pleine construction de lui-même et que, pour les plus jeunes, le monde extérieur est inexistant… Comment en parler sans jugement, sans cette notion de bien ou de mal ? Comment trouver l’équilibre entre estime de soi et égoïsme ?
Quelle différence entre
égoïsme, égocentrisme, narcissisme ?
Avant de vous parler de l’histoire : « Le dragon qui se regardait le nombril« , de Stéphanie Léon, posons quelques différences entre égoïsme, égocentrisme, narcissisme.
- Egoïsme : « Attachement excessif porté à soi-même et à ses intérêts, au mépris des intérêts des autres. » (Larousse)
- Egocentrisme : » Tendance à ne considérer que son point de vue et ses intérêts propres. Indissociation, dans le raisonnement, du point de vue propre et du point de vue d’autrui, qui constitue la caractéristique essentielle de la pensée des enfants de 3 à 7 ans. » (Larousse)
- Narcissime : « Amour excessif porté à l’image de soi. En psychologie, nous parlons de quelqu’un étant en surdose d’amour pour soi, une dévalorisation des autres est fréquente. » (Larousse)
Si vous invitez un égoïste à venir manger chez vous, il se servira afin d’être sûr de n’avoir plus faim. Si vous invitez un égocentrique à venir manger chez vous, il se servira et vous demandera d’attendre qu’il ait fini pour être sûr qu’il n’ait plus faim. Le narcissique, lui, ne comprendra même pas que vous soyez assis à la même table, vous êtes là pour le servir, pas pour manger !
Un album jeunesse pour parler d’égoïsme
Pour les enfants, Se dire que les autres peuvent penser différemment est vraiment un exercice difficile, qui demande du temps, la confrontation de points de vue, etc. Souvent, nous réprimandons l’égocentrisme, alors qu’il peut s’agir d’une affirmation de soi trop prononcée, ou simplement d’une estime de soi qui permet de grandir en confiance.
Si, en tant qu’accompagnant, nous basculons dans le jugement, cela peut se faire au détriment de ces éléments essentiels pour le développement de l’enfant.
Bien sûr, il faut échanger sur l’importance de l’autre et le regard qu’on lui porte. Et c’est l’objet de l’histoire « Le dragon qui se regardait le nombril« .
Vous y rencontrerez un dragon bien égoïste : Patate. Egoïste à tel point que lorsqu’un mouton vient à sa rencontre, il l’ignore. Nous basculons dans l’égocentrisme : Patate ne comprend pas que Quenouille vienne le déranger.
Il faudra la rencontre avec les émotions difficiles de Quenouille, pour que Patate prenne conscience de l’autre. Et c’est là, pour nous, une clef d’échange avec les enfants qui comprennent les émotions bien plus que la raison. Si un enfant ne peut saisir la pensée de l’autre, il peut en saisir l’émotion et peut-être la comprendre.
Dans ce livre jeunesse, aucun jugement sur l’égocentrisme, mais un regard sur ce que peut apporter l’altruisme. En effet, l’altruisme, la générosité, la bienveillance, permettent le renforcement de l’amitié, mais surtout ils rendent possible la découverte des autres facettes de nous-même : ce que nous ne connaissons pas de nous. Et c’est là un message important à transmettre aux enfants. N’oubliez pas que l’enfant en bas âge est dans l’exploration de lui-même. Et c’est ce qui est mis en exergue dans ce conte : la bienveillance envers l’autre nous fait découvrir la magie qui est en nous.
Il est inutile de qualifier l’égoïsme comme quelque chose de malfaisant. D’ailleurs, quel limite pourriez-vous faire ? Et en le réprimandant, ne supprimerions-nous pas les parts d’affirmation ou d’estime de soi chez l’enfant ? Il nous semble donc essentiel d’apporter ces équilibres que sont la générosité, la bienveillance, l’altruisme sans tomber dans l’oubli de soi !
Merci à Stéphanie Léon pour cette belle histoire autour de l’égocentrisme.
D’autres livres sur le sujet :
Le singe et la pêche – Stéphanie Léon
Un conte drôle et poétique sur la cupidité, le partage des ressources et la différence entre besoin et envie…
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Besoin, envie, générosité, richesse, partage, vivre ensemble, Stéphanie Léon
Charlie et Bélinda | Moche – Joëlle Debraux
Les aventures tendres d’une drôle de petite fille, mi-fille mi-mouton, et de son ami le chat. Ensemble, ils abordent des thèmes de la vie à leur façon.
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Estime de soi – Regard de l’autre
Beebuti, la rose et le pissenlit – Sandrine-Marie Simon | Camille Magnanon
Beebuti est une abeille qui aime résoudre les conflits tranquillement, par le dialogue…
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Vivre ensemble, différence, jalousie, communication non violente