Le pouvoir des écrans

Les écrans… Un sujet si vaste que je ne sais comment l’aborder. Leur influence sur les personnes diffère en fonction de l’âge, du type d’écran et du contenu. 

L’influence des écrans est réelle, et ce sont là des outils de transmission puissants que nous avons entre les mains. A nous de faire la part des choses et de choisir leur utilisation. 

Il existe encore quelques controverses qui nient cette influence. Notamment à propos des jeux et images violentes.  Ces polémiques me font penser à celles des années 60 sur le rapport entre le tabac et le cancer. Le « doute » n’existait que dans l’esprit des fabricants de tabac…

Il existe de nombreux articles pour nous alerter sur les dangers des écrans, et des balises simples comme la règle des 3-6-9-12, la sensibilisation de l’enfant sur le fonctionnement de notre cerveau peuvent nous aider à comprendre et à accompagner notre enfant sur ce sujet. 

C’est donc à chaque famille, pour chaque enfant, de trouver des accords pour une relation saine aux écrans. 

Mais si nous sommes aujourd’hui sensibilisés sur les potentiels des écrans, sommes-nous conscients de l’utilisation que nous en faisons, nous, adultes, comme instrument de pouvoir sur nos enfants ? 

Lorsque j’échange avec les parents sur le sujet des écrans,  c’est souvent pour parler des problématiques. Rarement pour parler des bienfaits, ce qu’apporte l’écran, ce qu’il permet et ce qu’il nécessite comme investissement de notre part. Et encore moins, du pouvoir que les écrans nous donnent à nous, adultes.

Vidéo sur la chaîne de Catherine Dumonteil Kremer

Les écrans, notre pouvoir !

Utilisé comme bâton ou comme carotte, l’écran nous donne un grand pouvoir de direction, de manipulation sur nos enfants. Pouvoir que nous avons du mal à lâcher le moment venu. 

Pourtant, bien souvent, nous connaissons mal les possibilités des écrans. Le voyant comme source de distraction, nous passons à côté de ses sources de concentration, d’instruction, de développement, d’autonomie, de partage et de liberté. Les possibles sont tellement vastes qu’il faudrait leur dédier un billet entier de blog. 

De cette méconnaissance des formidables outils qu’ils peuvent être, du pouvoir de direction qu’ils nous procurent, et de nos peurs de leurs inconvénients, nous créons des règles autour des écrans. 

Et ce sont ces règles qui font naître entre nos mains un nouvel instrument de pouvoir. Un pouvoir qui peut être arbitraire : le pouvoir de nous désengager de nos propres responsabilités comme le montre la vidéo ci-dessus. 

Le pouvoir de restriction de l’écran de manière arbitraire (le bâton). En fonction de notre humeur, de notre ressenti, en fonction aussi du comportement de l’enfant : « tu n’as pas été gentil, tu ne jouera pas à la console ». 

Nous disposons également d’un pouvoir de récompense (la carotte, le bonbon, la tétine), pouvoir fondé sur la méritocratie : « finis tes devoirs et tu pourras jouer à la console ». 

Lorsque l’enfant grandit, nous disposons toujours de cette emprise sur lui.
Adolescent, l’enfant s’émancipe. Pourtant, la gestion du smartphone nous laisse une forte ascendance sur lui. Un moyen de conserver notre contrôle parental, de maintenir notre petite puissance, notre piédestal.  L’enfant doit encore nous demander la permission, et nous lui autorisons en recevant au passage un merci, qui flatte notre ego. 

Pourtant, je pense que le smartphone, c’est comme un rite de passage pour l’adolescent : signe extérieur d’émancipation, de liberté et d’autonomie.
Je me souviens à 11 ans de mon premier rendez-vous avec la liberté : mon 1er vélo pour pouvoir aller au collège.  Ai-je commis des erreurs avec ce nouvel outil ? Oui bien sûr : aller au café sans autorisation, m’accrocher derrière un camion pour monter une côte ou tenir le bras d’un ami plus âgé en mobylette. Combien de courses de vitesse, de sens interdits, de slaloms dans les rues piétonnes… 
Il ne s’agissait pas là d’un problème de vélo, ou de smartphone, ce sont juste des outils, des instruments.  Il s’agit d’instruction, d’éducation, de formation à la liberté. Les interdictions n’y faisaient rien tant que je n’avais pas la compréhension. Me priver de vélo ne faisait que repousser le moment de mes péripéties.  Je devais intégrer la liberté, le libre choix, devenir sensible à ce que j’étais et ce qu’étaient les autres… En un mot, grandir.

Alors, dans le même temps où j’observe les dangers des écrans pour mes enfants, je réfléchis sur les possibles et les opportunités qu’ils m’apportent, et je porte un regard critique sur moi-même.

Une introspection nécessaire pour regarder cette règle que je pose. Est-elle là pour me désengager, être tranquille, est-ce un bâton, une sucette (1). Est-elle nécessaire pour mon enfant ou pour moi ? Flatte-t-elle mon ego, me met-elle en position de supériorité ? 
Si cette règle est pour parer un risque, comment j’en parle avec mon enfant ?

Soyons vigilants sur ce pouvoir que nous avons. Sachons, lorsque nous posons une règle, l’identifier car, à chaque fois que nous posons une règle, nous restreignons une liberté. Sachons les faire de qualité, prenons ce temps, car échanger, discuter, revenir sur une règle prend du temps, beaucoup de temps. 

Une règle saine aux écrans est celle qui ne détériore pas la relation parents/enfants, et la laisse équilibrée. 

Dominique Demaegdt

(1) Il m’arrive d’utiliser, même de prévoir, l’utilisation des écrans pour un moment de tranquillité. Par exemple, pour un voyage en voiture. Et je sais qu’à la sortie du trajet, mes enfants auront besoin d’un temps avec moi. 
S’il m’arrive d’avoir besoin de facilité, d’être fatigué, et d’aller vers les possibles du bâton ou de la carotte, je sais aussi que, bien souvent, cela m’empêche de transmettre ce que j’ai vraiment envie de transmettre. Alors, ensuite, j’y reviens. 

Autre article :

Un enfant souffre lorsque ses parents sont constamment sur leur téléphone portable

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