Chez Pourpenser nous essayons de cultiver une forme d’équilibre entre l’acceptation de ce qui arrive tout seul, sans effort et comprendre comment les choses s’articulent, se mettent en place. La magie c’est beau, mais s’apercevoir après coup qu’il y a « un truc » peut faire mal (impression de s’être fait avoir) ou bien susciter notre admiration (acceptation de s’être fait piéger par nos sens ou le talent des magicien·ne·s).
Dans notre société hyperconnectée, il est quelque fois compliqué de faire la différence entre une synchronicité, un hasard et un algorithme bien placé qui nous affiche exactement ce dont nous avons « besoin » au moment opportun.
En tant qu’éditeurs, l’un de nos rôles est de faire connaître le travail des auteur·e·s qui nous confient leurs projets, de mettre en lien les créateurs et leurs publics.
Pour créer ce lien nous nous appuyons sur plusieurs canaux :
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les rencontres à travers les salons, les festivals ou de plus petites rencontres « chez l’habitant » ;
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le bouche à oreille, la recommandation de nos lecteurs et lectrices à leurs ami·e·s ;
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les points de ventes ou d’exposition, que ce soient des librairies, des bibliothèques ou des magasins qui aiment tout simplement proposer nos livres en plus de leur offre habituelle ;
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les réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram, Pinterest, Twitter, Mastodon, Youtube…
En 2013, nous avons quitté Amazon pour les raisons que nous expliquions alors, mais également parce que l’idée d’une plateforme qui piste toutes les habitudes d’achat et de lecture de ses clients nous pose question.
Au delà, d’Amazon, c’est plus largement notre relation à une centralisation des données par des acteurs privés qui nous préoccupe. Amazon, tout comme Netflix, Google ou Facebook nous connaissent souvent mieux que nous nous connaissons nous-même. Ils sont capables de profiler leurs utilisateurs avec une finesse à rendre jaloux des États totalitaires. Et tout cela avec notre consentement…
Dans le milieu des années 90, nous étions quelqu’un·e·s à rêver d’un internet reliant les créateurs et leurs publics, sans intermédiaire ou uniquement ceux souhaités. Ce rêve est toujours techniquement possible mais nécessite de part et d’autre un peu plus d’effort que des plateformes surfant sur notre manque d’intérêt (ou de connaissance) et notre quête du moindre effort.
Et aujourd’hui dans la maison d’édition…
Régulièrement, chez Pourpenser nous avons des débats du style :
— Et si on quittait Facebook et Instagram ?
— Oui, mais comment toucher autant de personnes que nous le faisons aujourd’hui ?
— On pourrait aller sur un réseau libre et décentraliser comme Mastodon…
— Et pour être vu par combien de personnes ?
(Aujourd’hui notre compte Mastodon est suivi par 72 personnes contre 28200 sur Facebook, 2660 sur Instagram ou 538 sur Twitter)
— Et si on allait sur Peertube plutôt que Youtube ?
— Et qui va nous trouver ? Là, mine de rien Youtube nous permet d’être découvert par de nouvelles personnes que nous ne touchons pas ailleurs !
(Aujourd’hui notre serveur Peertube est en création, et on continue de publier sur Youtube)
La question s’est posée encore très récemment pour les Podcasts qu’Aline et d’autres auteurs et autrices enregistrent pour présenter leurs livres :
— On pourrait mettre en place un serveur Funkwhale ou publier sur une instance existante !
— L’interface n’est pas claire, y’a trop d’options, y’a pas plus simple ?
(Nous sommes plusieurs à utiliser les outils, il faut que chacun puisse se sentir à l’aise avec. Pour le moment, nous avons donc fait le choix de passer par Ausha qui republie ensuite en un clic sur les grandes plateformes souhaitées : Deezer, Spotify, Google podcast, Youtube, Itunes… et nous publions de notre côté sur notre site).
Faire au mieux…
Bref, il nous faut concilier entre nos choix de privilégier des solutions libres, ouvertes et des outils simples pour toucher un public aussi large que possible pour faire connaître les livres du catalogue.
Contribuer à nourrir ces plateformes qui se nourrissent à leur tour de nos données pour mieux nous profiler n’est pas le monde auquel nous souhaitons participer.
Mais comment alors réussir à toucher de nouveaux publics alors même que la crise COVID nous prive des rencontres physiques ?
Aujourd’hui, nous essayons de faire « au mieux » en gardant un pied de chaque côté, en parlant de plus en plus des alternatives existantes et en y contribuant à notre hauteur.
Nous pourrions tout à fait imaginer à terme ne poster sur les mega-plateformes qu’un ou deux messages par an pour inviter les personnes à venir nous retrouver sur nos propres sites.
L’idéal serait même de regrouper quelques dizaines (centaines ? 🙂 ) d’entreprises qui partagent ce souhait de cohérence et d’annoncer notre départ des plateformes le même jour.
L’idée est lancée… 🙂
Poursuivre la réflexion…
Pour celles et ceux qui souhaitent creuser un peu plus le sujet des plateformes voici un entretien de Jean-Baptiste Kempf, l’une des chevilles ouvrières du projet VLC (un logiciel que vous utilisez peut-être pour regarder des videos sur votre ordinateur). Il parle du sujet de 19:50 à 29:00. Le livre mentionné dans les premières secondes est Capitalisme de plateforme de Nick Srnicek aux éditions Lux.
Comme vous avez pu le remarquer, ce billet à charge contre les plateformes est publié sur … Blogger 🙂
Blogger est une plateforme de blog créée en 1999 et qui appartient à Google depuis 2003.
Nous avons fait le choix de Blogger en 2009 car à l’époque il nous semblait que c’était un outil intéressant pour favoriser le référencement de notre site internet.
L’idée selon laquelle « Blogger est mieux référencé car il appartient à Google » semble être un mythe et nous allons donc regarder prochainement pour changer l’hébergement de ce blog sans en perdre le contenu.
NOTE DE JANVIER 2021 :
Ce début janvier un peu plus calme nous a permis de faire la migration nécessaire de ce blog ! Nous voici donc sur un petit serveur que nous administrons avec un blog propulsé par WordPress 🙂